(Article paru dans la revue Carrefours d’Alsace n° 2012 –
Mai 2014)
Le jour où nous entrons au Séminaire, nous vivons un
changement radical de vie : nous découvrons la vie en communauté. Bien
entendu nous avons tous vécu une forme de communauté « familiale », mais force
est de constater que la communauté que nous formons est différente. Cette vie
communautaire est un apprentissage, et surtout une découverte de l'autre. Et
malgré nos différences, légitimes et normales, nous gardons toujours à l'esprit
que nous formons une communauté, et nous possédons une certaine unité.
Temps de fondation
Dès l’entrée au Séminaire, nous expérimentons l’envoi vers
les autres à travers nos insertions apostoliques, visite de personnes âgées en
maison de retraite pour la première année, soutien scolaire dans des familles
en lien avec Caritas pour la deuxième année. Ces deux insertions nous apportent
un enrichissement de tous les jours. Elles nous mettent aussi en contact avec
deux étapes importantes dans la vie d'une personne : l'enfance et la vieillesse.
Ce qui est sans doute une bonne préparation aux insertions paroissiales qui
nous attendent les années suivantes, même si l’animation de la messe chaque
mercredi soir à crypte de la Cathédrale nous fait déjà rencontrer des personnes,
des paroissiens de la cathédrale, mais aussi un certain nombre de jeunes qui
fréquentent cet office.
En fin de semaine, lorsque nous ne retrouvons pas nos
familles et nos paroisses d’origine en fin de semaine, nous avons la chance de
vivre ensemble des weekends qui nous permettent de resserrer les liens entre
nous, de nous découvrir, mais aussi de découvrir une réalité paroissiale du
diocèse avec notamment la rencontre de jeunes confirmands.
Notre maison est ouverte. Régulièrement nous y accueillons
des groupes de jeunes. Nous vivons d'ailleurs avec des étudiants qui logent
dans une partie du bâtiment que nous occupons. Tous ces liens avec les
chrétiens du diocèse sont nécessaires pour nous, pour notre formation et notre
vie spirituelle. Car nous ne sommes pas des moines qui ont pour vocation de
vivre reclus, mais nous nous préparons à une vie de prêtre qui nous fera aller
vers le monde.
Les séminaristes de l'année 2013/2014 avec leur supérieur, les directeurs et les religieuses |
Quand nous commençons au Séminaire nous choisissons un
accompagnateur spirituel parmi l’équipe des prêtres formateurs. Son rôle est de
nous aider à croître dans la vie de prière et d’oraison, et à mieux discerner
notre vocation de prêtre. Avec lui, nous vivons aussi le sacrement du pardon
pour pouvoir avancer et grandir spirituellement en purifiant toujours davantage
les intentions de notre cœur.
Temps de discernement
La troisième année du séminaire marque en quelque sorte un
tournant dans la vie du séminariste. En effet il commence à s’approcher du
milieu de sa formation, et même si beaucoup pensent que six années de séminaire,
c’est long, les semaines passent très vite. Fini le temps de la découverte. Le
temps du discernement arrive à maturité. On se concentre d’avantage sur les
questions qui touchent à l’identité propre du prêtre et ses engagements qui
sont pour toute la vie.
Repas festif le jour de Pâques avec la communauté du séminaire et les invités |
A mi-chemin de la formation intervient aussi la possibilité d’une
année dite « de césure ». C’est un moment que le séminariste passe en-dehors
du Séminaire pour connaître d’autres réalités pastorales et d’autres méthodes, expérimenter
la vie de l’Eglise sous d’autres latitudes ou dans d’autres cultures, accomplir
un service de volontariat en lien avec un organisme catholique de coopération...
Cette année, nous sommes trois séminaristes à vivre une
telle année de césure. Comme la formation dans un Séminaire est très intense et
demande beaucoup d’énergie, prendre un an de distance avec le diocèse et le
Séminaire nous permet de réordonner notre vie. Car vivre en-dehors du cadre
d’obligation communautaire d’un Séminaire demande d’aguerrir sa volonté pour
l’organisation de sa vie. Cela nous permet aussi de vérifier notre liberté et
notre attachement au diocèse. Pour nous, cette année de retrait est indispensable.
Nous ouvrant à d’autres réalités de l’Eglise, notre regard sur le diocèse de
Strasbourg s’est comme ajusté à la réalité.
Vers le sacerdoce
Entre la troisième et la quatrième année arrive une étape
importante : nous demandons à être admis parmi les candidats au sacerdoce.
En nous appelant à cette étape, notre archevêque à la fois reconnaît notre
projet de devenir prêtre et à la fois il nous appelle à nous engager de manière
encore plus résolue dans le chemin qui nous y conduit.
La cinquième année au Séminaire s'ouvre sur une nouvelle
perspective : la préparation au ministère de diacre. Tout en poursuivant nos
études, nous sommes envoyés par l'évêque en stage pastoral dans une communauté
de paroisses du diocèse, sous la responsabilité d’un curé qui devient notre
maître de stage.
Chacun de nous se voit confier des responsabilités
particulières telles que la catéchèse, l’accompagnement des scouts, la
participation à la vie d’un mouvement. Nous y assurons aussi nos premières
prédications liturgiques. Nous sommes dans le dernière période de nos années de
formation qui nous prépare à vivre pleinement la dimension pastorale du
ministère ordonné. Nous mettons en pratique ce que nous avons appris. Nous
accueillons et essayons de comprendre des questions nouvelles. Nous nous
confrontons à des situations humaines réelles. C'est pour nous l'occasion de
nous donner, de nourrir notre vie de prière, de servir l'Eglise, et aussi de
vérifier notre appel au ministère ordonné avant l'ordination diaconale en fin
de cinquième année qui engagera déjà toute notre vie à la suite du Christ !
L’ensemble des séminaristes du diocèse de Strasbourg