La
prière pour l’unité chrétienne n’est pas une initiative du 20ème siècle : les
chrétiens n’ont jamais cessé de prier, de multiples manières, pour leur
réconciliation. Et nombreux sont ceux et celles qui ont œuvré pour cette
mission mais retenons simplement 3 temps et 3 figures principales :
Paul Wattson, l’Abbé Paul Couturier et Tony Palmer.
Paul Wattson est un prêtre
épiscopalien qui a fondé une communauté religieuse franciscaine au sein de
l’Eglise anglicane américaine, c’est lui qui fonda en 1908 la semaine de
l’unité des chrétiens.
L’Abbé Paul
Couturier est un prêtre lyonnais qui a développé en 1930 la semaine
pour l’unité des chrétiens et lui a donné un nouvel élan. Il fut également à
l’initiative, en 1937, d’un groupe de travail sur l’œcuménisme connu sous le
nom de « Groupe des Dombes », il fut l’un des premiers à célébrer une messe en
faveur de l’unité.
Tony
Palmer
est un évêque anglican épiscopalien. Il fut la cheville ouvrière de l’unité
chrétienne que nous vivons actuellement. Son désir : faire tomber les barrières
entre nos Eglises. Ami de notre actuel Pape, il a su avant sa mort en 2014,
mettre en contact les principaux chefs des Eglises qui aujourd’hui tentent de
se rapprocher et de nouer de nombreux liens de contact.
A l’image de ces 3
personnalités, les chrétiens aspirent aujourd’hui, pour le témoignage de
l’Evangile dans le monde, à leur unité visible dans une même foi et une même
communion eucharistique. Telle est en effet la visée du mouvement œcuménique.
Le règne de Dieu est
relation car Dieu est relation, Dieu est communion. A partir de la rencontre fraternelle,
de la découverte de l’Esprit Saint dans la vie du prochain on peut parler du
témoignage intérieur de l’Esprit. De cette même découverte, nous nous
redécouvrons comme frère ; l’amitié s’établit et sur ce terrain on peut
construire très solidement. Rencontrer
des personnes est un chemin important pour l’unité des chrétiens. C’est le
modèle que nous voyons dans les évangiles. Jésus rencontrait les personnes où
elles étaient, peu importe leur histoire et ce qu’elles ont fait. C’est ce que
fait également le Pape François. Notre Pape parle d’une communication par le cœur. Car cette langue est plus simple et plus authentique ; elle a
deux règles de grammaire très simple. Aime Dieu au-delà de tout et aime l’autre
parce qu’elle est ta sœur ou ton frère. Dans le passé nous avions connu la peur
de la différence, de la diversité donc nous l’évitions. Aujourd’hui avec
l’œcuménisme nous laissons nos peurs pour faire route ensemble. Ensemble, nous
devons comprendre à nouveau ce qu’est le Baptême car c’est par là que nous
sommes frères et sœurs en Christ.
Prions pour la
conversion de nos Eglises et pour notre conversion personnelle pour que nous
nous affirmons davantage en devenant plus chrétien et converger ensemble avec
nos différences vers le Christ. Plus
nous nous approchons du Christ avec ce que nous sommes, plus l’unité se fera.
C’est lui qui unifie par l’Esprit.
L’Esprit
Saint fait la diversité dans l’Eglise mais ce même Esprit Saint fait également
l’unité. L’Eglise est une dans la diversité, une diversité réconciliée
par l’Esprit. Notre enjeu est d’essayer, par-delà des expériences singulières
et par-delà des vocabulaires, d’arriver à comprendre que c’est l’Esprit, la
même personne divine qui est à l’œuvre en chacun d’entre nous et qui a suscité
ce mouvement ; qui est aussi celle qui a porté le mouvement œcuménique et qui
veut que nous nous entendions pour pouvoir ensemble dire Jésus-Christ. Nous
avons besoin de la force de Jésus Ressuscité qui apporte une nouvelle vie, une
nouvelle espérance, une nouvelle énergie à la Création.
Poussé par l’Esprit,
l’Abbé Paul Couturier a été un grand promoteur de la prière pour l’unité
chrétienne ; cependant sa volonté n’était pas seulement que cela se fasse une
fois par an. L’une de ces intuitions spirituelles était de dire que tous ceux qui prient régulièrement pour
l’unité forment en réalité un monastère invisible. Une « Communauté »
composée de tous ceux qui partagent une même vocation ; celle d’agir pour
l’unité car ouvert à l’Esprit Saint ils ont senti la douleur de la séparation
entre les chrétiens. Le nom de Monastère convient à cette réalité puisque la
même souffrance, les mêmes désirs, les mêmes préoccupations, la même activité
spirituelle, le même but rassemblent dans le cœur du Christ, cette multitude
venue « de toutes les nations ». La clôture n’en est autre que l’inhabitation
dans le Christ priant pour l’Unité, l’esprit de celui de l’Universelle Prière,
l’action celle de l’ « Émulation Spirituelle ». Ensemble, les membres du
monastère invisible lancent une immense supplication fondue dans celle du
Christ et lancée vers Notre Père qui est aux cieux. Elle monte à partir
d’innombrables foyers terrestres pour aller déferler devant le trône de
l’Éternel. L’Agneau, « comme immolé », déploie devant son Père Sa propre et
infinie supplication où nous sommes entrés et cachés sous la puissante et
bienfaisante étreinte de Son Esprit, l’Esprit d’Amour
La prière pour l’unité nous jette dans le
cœur du Christ où nous trouvons sa prière : « Père,
qu’ils soient un pour que le monde croie » (Jean 17, 21). La prière nous ouvre au souffle de l’Esprit Saint et nous ajuste au
dessein divin de salut. Nous prions pour l’unité « telle que le Christ la
veut, par les moyens qu’il voudra ».
Cette année, pour la
semaine de l’unité des chrétiens, il nous est proposé par des Lettons marqués
par leur histoire douloureuse de leur pays mais également par une vie
œcuménique féconde, de revisiter notre mission commune de baptisés. Au
carrefour des traditions catholique, luthérienne et orthodoxe, ils nous
proposent pour cette semaine de prière un court extrait de la première lettre
de Pierre (1 Pierre 2, 9-10) nous
exhortant à proclamer les hauts faits de
Dieu. Le passage choisi rappelle aux chrétiens qu’ils sont une « race élue,
la communauté sacerdotale du roi, la nation sainte … » et qu’ils ont été
appelés à passer des ténèbres à la lumière. Dieu s’est donné un peuple et
celui-ci est missionnaire par nature, il a été choisi pour proclamer que le
salut est offert à tous et pour faire briller la miséricorde de Dieu dans le
monde. La mission chrétienne se déploie dans toutes ses dimensions,
prophétique, sacerdotale et royale, elle se vit par l’annonce explicite de
l’évangile, la prière et le service du monde. C’est notre vocation baptismale
de témoigner des hauts faits de Dieu dans toute notre vie, en guérissant les
blessures, en recherchant sans cesse la vérité et l’unité et en s’engageant
résolument en faveur de la dignité humaine.
N’hésitons plus à prier
pour cette unité pour que chaque jour se réalise un nouveau pas en faveur de ce
Miracle tenu par le Seigneur à la force de l’Esprit. Mais demandons aussi, par
cette prière, que le Père nous éclaire sur notre unité personnelle, qu’il nous
indique les pas de conversions que nous devons mener pour que cette unité
Chrétienne se réalise. C’est par notre unité personnelle et avec le Christ que
son œuvre se réalisera et nous osons le demander car « on n’a jamais vu le
Seigneur commencer un miracle qu’il n’a pas bien achevé » comme le disait si
bien l’écrivain italien Alessandro Manzoni.
Pour nous aider, nous pouvons
faire nôtre cette prière composée par des membres de la Communauté du Chemin
Neuf à partir de la prière de l’Abbé Paul Couturier :
Seigneur
Jésus,
Toi
qui as prié pour que tous soient un,
Nous
Te prions pour l’unité des chrétiens,
Telle
que Tu la veux,
Par
les moyens que Tu veux.
Que
Ton esprit nous donne
D’éprouver
la souffrance de la séparation,
De
voir notre péché
Et
d’espérer au-delà de toute espérance.
Amen
Les séminaristes de Strasbourg