Lors de la semaine de prière pour l’unité des
chrétiens, nous allons habituellement à la rencontre de nos frères protestants
ou orthodoxes. L’an passé, nous avions vécu une soirée avec la communauté
arménienne de Strasbourg. Mais, cette année a été marquée par une rencontre
d’une particulière richesse. Nous avons en effet passé la soirée avec six
jeunes catholiques irakiens qui ont dû fuir leur pays, leur terre, leurs
racines et quitter tous leurs biens. Pour la première fois le drame qui se déroule
à l’autre bout du monde se trouvait devant nous, non par l’intermédiaire d’un
écran, mais de personne à personne.
Le plus marquant de notre échange fut certainement
de voir l’espoir qui les habite ! Ils ont tout perdu. Parfois même des
membres de leur famille. Et pourtant ils prient pour leurs bourreaux !
Avec toute l’Eglise nous fêtions ce jour-là saint Agnès et à travers elle les
martyrs romains de la première génération chrétienne. Or nous accueillions
parmi nous des jeunes qui partageaient cette foi des premiers martyrs. En
priant pour leurs bourreaux, ils montraient en effet à quel point ils ne revêtaient pas le Christ
seulement en façade, par convenance, mais qu’ils étaient unis à lui dans leur
être même, dans leurs cellules, dans tout ce qu’ils sont.
Une phrase nous a particulièrement marqué pendant
l’échange. Nous parlions du manque de jeunes dans nos églises. L’un d’eux a eu
cette parole : « Peut-être que c’était la volonté de Dieu que
nous partions, pour vous évangéliser ». Cette parole est forte de symbole.
Eux qui furent parmi les premiers chrétiens, reviennent aujourd’hui chez nous
pour nous apporter à nouveau la Bonne Nouvelle, pour nous refaire connaître le
Christ.
Bien entendu, le pardon, ils nous l’ont dit,
n’est pas si facile. En arrivant en France ils avaient peur des musulmans, et
on les comprend après ce qu’ils ont vécu. Mais en même temps ils n’ont pas hésité
à nous dire qu’avant DAESH, ils vivaient en parfaite harmonie avec les
musulmans. Le problème n’est donc pas les musulmans, mais DAESH ! Leur
accompagnatrice nous a notamment raconté qu’en tant que chrétiens ils avaient
plus de chance que les musulmans. Eux, leurs bourreaux leur avaient donné le
choix entre trois solutions : partir, rester et se convertir ou mourir. A
un musulman, DAESH ne laisse que deux solutions : suivre DAESH ou mourir…
Nous prions souvent pour les chrétiens d’Orient
et plus largement tous les chrétiens persécutés à travers le monde. Non
seulement nous pouvons maintenant ajouter des visages et des noms à notre prière,
mais nous avons été fortifiés dans notre prière.
Les séminaristes de Strasbourg