Sébastien, pouvez-vous nous dire l’importance que
L’Eglise catholique en Alsace attache à la vie du Bienheureux Charles de
Foucauld ?
Le Bienheureux
Charles de Foucauld est une figure importante pour nous
puisqu’il est né à Strasbourg et qu’il a été baptisé à la paroisse Saint
Pierre le jeune, dans le cœur catholique de l’actuelle Eglise protestante. Il
fait donc partie de notre culture diocésaine.
Mais c’est aussi une très importante figure de l’Eglise
Catholique à cause de son style d’apostolat. Il a voulu une annonce du Christ,
par le témoigne de sa vie dans une culture locale, à travers la charité et le
bien qu’il fait avec les autres. Pour Charles de Foucauld, avant d’évangéliser
il faut d’abord être soi-même un témoin authentique du Christ dans une charité
exemplaire, dans la pratique de la justice et du respect des autres.
Partagez-nous un peu quelque chose de l’itinéraire de
Charles de Foucauld, surtout après le spectacle de marionnettes qui fut donné à
l’Eglise Saint Pierre le jeune sous l’impulsion du Fr. Valléjo, op.
L’itinéraire de
Charles de Foucauld est assez particulier. On peut même dire qu’il fut assez
mouvementé. Il a été marqué dans son enfance par un premier événement
douloureux. Il a perdu ses parents à l’âge de six ans et il a été ensuite élevé
par son grand-père. Puis, il a intégré l’école de saint Cyr pour une carrière
militaire et durant cette période il a eu une vie de débauche. Il s’est éloigné
de la foi catholique. Il a préféré les orgies et une vie aussi désordonnée avec
les femmes de petite vertu, et il a finalement démissionné de l’armée. Mais
ensuite, lorsqu’il a appris que l’armée de préparait à combattre, il a été
saisi de remord. Voilà comment il a commencé à grandir en sagesse. Il a réussi
à se faire réengager dans l’armée. Il y a été exemplaire en tant que
responsable militaire contrairement aux autres responsables de l’armée. Lui ne
voulait pas concevoir une colonisation par la force et la soumission des
populations locales. Il plaidait pour une collaboration respectueuse avec les
populations locales dans le respect de leur religion et de leur culture, pour
qu’il y ait une coexistence dans le
respect et la fraternité. Cela a été la vision de Charles de Foucauld comme
militaire.
Ensuite, il a été fasciné par la foi des musulmans et
la foi des juifs. Il a fait une carrière d’explorateur scientifique géographique
du Maroc. Il a dressé une carte détaillée du Maroc, qu’il a publiée à la
société Française de géographie et pour laquelle il a été récompensé par une
médaille d’or. Ensuite il a rencontré un prêtre, l’abbé Huvelin, chez qui il
s’est confessé. C’est à ce moment qu’il est converti, en ressentant la
miséricorde de Jésus Christ. C’est là qu’il a commencé à vouloir suivre Jésus
Christ. Il voulait vivre comme le Christ. Alors il partit en Terre sainte, sur
les pas de Jésus peut-on dire, pour mieux connaitre le Christ à travers le lieu
où il a vécu.
Il est devenu moine
cistercien, mais il s’est rendu compte qu’il n’avait pas la dernière place. Or
Jésus avait la dernière place. Lors de sa naissance de Jésus à Bethléem il n’y
avait pas de place pour eux à l’hôtellerie. Il a voulu être comme le Christ.
Avoir la dernière place. Le Christ a aussi eu la dernière place sur la croix,
la place la plus misérable à l’époque. Donc, comme le Christ, il a voulu avoir
la dernière place, Il est parti au désert en Afrique. Là on s’est d’abord
méfié de lui. Comme il s’est bien entendu avec un chef du nom de Moussa, il fut
autorisé à vivre comme ermite. Il a
rendu des services humanitaires. Il a parfois utilisé l’armée pour aider
la population. Il a mis en pratique ses idées par un témoignage, par une vie de
charité, de justice, de fraternité authentique, de service aux autres et de
dévouement.
Un jour, il s’est
retrouvé sans ressources. Il était complètement
faible. Il allait mourir d’épuisement et de faim. Et, c’est là que la
population locale, très appauvrie, a secouru Charles de Foucauld en le
nourrissant du lait de chèvre. De cette expérience, il a découvert que ce
n’était pas toujours à lui de rendre service, mais qu’il fallait aussi accepter
de se laisser servir par les autres. Dans sa vie spirituelle, cela a été une
nouvelle étape. Il a ressenti le désir de vouloir s’abandonner à Dieu totalement, dans tout ce
qu’il faisait et entreprenait, sans oublier l’importance majeure qu’il
accordait à l’Eucharistie et à l’oraison.
Comment sa vie peut-elle être un modèle pour nous,
séminaristes ?
C’est un modèle
tout à fait actuel pour nous séminaristes. D’abord, nous devons rester dans
l’humilité, qui était très chère à Charles de Foucauld. Nous ne devons pas
rechercher les premières places, mais, toujours être attiré par les dernières
places, celles parfois même ingrates. Avant d’annoncer la foi au Christ, nous
devons être témoins authentiques du
Christ, par un service authentique des autres, un amour authentique pour chacun
et un respect aussi de la culture des autres. Donc, c’est tout à fait une
figure d’actualité pour nous, un exemple pour nous, séminaristes.