dimanche 18 décembre 2016


Centenaire de la mort du Bienheureux Charles de Foucauld



                      
Sébastien, pouvez-vous nous dire l’importance que L’Eglise catholique en Alsace attache à la vie du Bienheureux Charles de Foucauld ?

Le Bienheureux Charles de Foucauld est une figure importante pour  nous  puisqu’il est né à Strasbourg et qu’il a été baptisé à la paroisse Saint Pierre le jeune, dans le cœur catholique de l’actuelle Eglise protestante. Il fait donc partie de notre culture diocésaine. Mais c’est aussi une très importante figure de l’Eglise Catholique à cause de son style d’apostolat. Il a voulu une annonce du Christ, par le témoigne de sa vie dans une culture locale, à travers la charité et le bien qu’il fait avec les autres. Pour Charles de Foucauld, avant d’évangéliser il faut d’abord être soi-même un témoin authentique du Christ dans une charité exemplaire, dans la pratique de la justice et du respect des autres.

Partagez-nous un peu quelque chose de l’itinéraire de Charles de Foucauld, surtout après le spectacle de marionnettes qui fut donné à l’Eglise Saint Pierre le jeune sous l’impulsion du Fr. Valléjo, op.

L’itinéraire de Charles de Foucauld est assez particulier. On peut même dire qu’il fut assez mouvementé. Il a été marqué dans son enfance par un premier événement douloureux. Il a perdu ses parents à l’âge de six ans et il a été ensuite élevé par son grand-père. Puis, il a intégré l’école de saint Cyr pour une carrière militaire et durant cette période il a eu une vie de débauche. Il s’est éloigné de la foi catholique. Il a préféré les orgies et une vie aussi désordonnée avec les femmes de petite vertu, et il a finalement démissionné de l’armée. Mais ensuite, lorsqu’il a appris que l’armée de préparait à combattre, il a été saisi de remord. Voilà comment il a commencé à grandir en sagesse. Il a réussi à se faire réengager dans l’armée. Il y a été exemplaire en tant que responsable militaire contrairement aux autres responsables de l’armée. Lui ne voulait pas concevoir une colonisation par la force et la soumission des populations locales. Il plaidait pour une collaboration respectueuse avec les populations locales dans le respect de leur religion et de leur culture, pour qu’il y ait une  coexistence dans le respect et la fraternité. Cela a été la vision de Charles de Foucauld comme militaire.

Ensuite,  il a été fasciné par la foi des musulmans et la foi des juifs. Il a fait une carrière d’explorateur scientifique géographique du Maroc. Il a dressé une carte détaillée du Maroc, qu’il a publiée à la société Française de géographie et pour laquelle il a été récompensé par une médaille d’or. Ensuite il a rencontré un prêtre, l’abbé Huvelin, chez qui il s’est confessé. C’est à ce moment qu’il est converti, en ressentant la miséricorde de Jésus Christ. C’est là qu’il a commencé à vouloir suivre Jésus Christ. Il voulait vivre comme le Christ. Alors il partit en Terre sainte, sur les pas de Jésus peut-on dire, pour mieux connaitre le Christ à travers le lieu où il a vécu.

Il est devenu moine cistercien, mais il s’est rendu compte qu’il n’avait pas la dernière place. Or Jésus avait la dernière place. Lors de sa naissance de Jésus à Bethléem il n’y avait pas de place pour eux à l’hôtellerie. Il a voulu être comme le Christ. Avoir la dernière place. Le Christ a aussi eu la dernière place sur la croix, la place la plus misérable à l’époque. Donc, comme le Christ, il a voulu avoir la dernière place, Il est parti au désert en Afrique. Là on s’est d’abord méfié de lui. Comme il s’est bien entendu avec un chef du nom de Moussa, il fut autorisé à vivre comme  ermite. Il a rendu des services humanitaires. Il a parfois utilisé l’armée pour aider la population. Il a mis en pratique ses idées par un témoignage, par une vie de charité, de justice, de fraternité authentique, de service aux autres et de dévouement.

Un jour, il s’est retrouvé sans ressources. Il  était complètement faible. Il allait mourir d’épuisement et de faim. Et, c’est là que la population locale, très appauvrie, a secouru Charles de Foucauld en le nourrissant du lait de chèvre. De cette expérience, il a découvert que ce n’était pas toujours à lui de rendre service, mais qu’il fallait aussi accepter de se laisser servir par les autres. Dans sa vie spirituelle, cela a été une nouvelle étape. Il a ressenti le désir de vouloir  s’abandonner à Dieu totalement, dans tout ce qu’il faisait et entreprenait, sans oublier l’importance majeure qu’il accordait à l’Eucharistie et à l’oraison.


Comment sa vie peut-elle être un modèle pour nous, séminaristes ?

C’est un modèle tout à fait actuel pour nous séminaristes. D’abord, nous devons rester dans l’humilité, qui était très chère à Charles de Foucauld. Nous ne devons pas rechercher les premières places, mais, toujours être attiré par les dernières places, celles parfois même ingrates. Avant d’annoncer la foi au Christ, nous devons être témoins  authentiques du Christ, par un service authentique des autres, un amour authentique pour chacun et un respect aussi de la culture des autres. Donc, c’est tout à fait une figure d’actualité pour nous, un exemple pour nous, séminaristes.


Interview de Sébastien par Nahum (Séminariste de la société des prêtres de Saint Jacques à Strasbourg)