samedi 31 mai 2014

Le Séminaire raconté par les séminaristes


(Article paru dans la revue Carrefours d’Alsace n° 2012 – Mai 2014)



Le jour où nous entrons au Séminaire, nous vivons un changement radical de vie : nous découvrons la vie en communauté. Bien entendu nous avons tous vécu une forme de communauté « familiale », mais force est de constater que la communauté que nous formons est différente. Cette vie communautaire est un apprentissage, et surtout une découverte de l'autre. Et malgré nos différences, légitimes et normales, nous gardons toujours à l'esprit que nous formons une communauté, et nous possédons une certaine unité.

Temps de fondation


Dès l’entrée au Séminaire, nous expérimentons l’envoi vers les autres à travers nos insertions apostoliques, visite de personnes âgées en maison de retraite pour la première année, soutien scolaire dans des familles en lien avec Caritas pour la deuxième année. Ces deux insertions nous apportent un enrichissement de tous les jours. Elles nous mettent aussi en contact avec deux étapes importantes dans la vie d'une personne : l'enfance et la vieillesse. Ce qui est sans doute une bonne préparation aux insertions paroissiales qui nous attendent les années suivantes, même si l’animation de la messe chaque mercredi soir à crypte de la Cathédrale nous fait déjà rencontrer des personnes, des paroissiens de la cathédrale, mais aussi un certain nombre de jeunes qui fréquentent cet office.

En fin de semaine, lorsque nous ne retrouvons pas nos familles et nos paroisses d’origine en fin de semaine, nous avons la chance de vivre ensemble des weekends qui nous permettent de resserrer les liens entre nous, de nous découvrir, mais aussi de découvrir une réalité paroissiale du diocèse avec notamment la rencontre de jeunes confirmands.

Notre maison est ouverte. Régulièrement nous y accueillons des groupes de jeunes. Nous vivons d'ailleurs avec des étudiants qui logent dans une partie du bâtiment que nous occupons. Tous ces liens avec les chrétiens du diocèse sont nécessaires pour nous, pour notre formation et notre vie spirituelle. Car nous ne sommes pas des moines qui ont pour vocation de vivre reclus, mais nous nous préparons à une vie de prêtre qui nous fera aller vers le monde.

Les séminaristes de l'année 2013/2014 avec leur supérieur, les directeurs et les religieuses
Durant toutes nos années de Séminaire nous recevons des enseignements à côté de la formation universitaire délivrée à la Faculté de théologie catholique de Strasbourg. Mais la première année est une vraie année de fondation qui se passe entièrement au Séminaire. En deuxième année nous commençons le parcours universitaire. Nos deux premières années sont particulièrement marquées par un contact soutenu avec la Parole de Dieu. Chaque semaine, nous nous retrouvons pour une heure de Lectio divina au cours de laquelle nous étudions l'Évangile du dimanche. Mais un cours d'introduction à la Bible nous soutient aussi dans notre lecture intégrale des Ecritures saintes, du livre de la Genèse au livre de l'Apocalypse, puisque l’objectif est de lire l'Écriture en son entier au cours de la première année.

Quand nous commençons au Séminaire nous choisissons un accompagnateur spirituel parmi l’équipe des prêtres formateurs. Son rôle est de nous aider à croître dans la vie de prière et d’oraison, et à mieux discerner notre vocation de prêtre. Avec lui, nous vivons aussi le sacrement du pardon pour pouvoir avancer et grandir spirituellement en purifiant toujours davantage les intentions de notre cœur.

Temps de discernement


La troisième année du séminaire marque en quelque sorte un tournant dans la vie du séminariste. En effet il commence à s’approcher du milieu de sa formation, et même si beaucoup pensent que six années de séminaire, c’est long, les semaines passent très vite. Fini le temps de la découverte. Le temps du discernement arrive à maturité. On se concentre d’avantage sur les questions qui touchent à l’identité propre du prêtre et ses engagements qui sont pour toute la vie. 

Repas festif le jour de Pâques avec la communauté du séminaire et les invités
Pendant cette année, la formation au séminaire est tournée vers la place du prêtre dans l’Eglise, surtout à travers la célébration de l’eucharistie où ce mystère de l’Eglise est manifesté en plénitude. Au niveau pastoral, nous entrons maintenant dans l’expérience d’une première insertion dans une paroisse du diocèse. Le contact avec les réalités pastorales, avec les gens et les prêtres des communautés chrétiennes nous donne un aperçu concret de la vie à laquelle nous allons nous engager.

A mi-chemin de la formation intervient aussi la possibilité d’une année dite « de césure ». C’est un moment que le séminariste passe en-dehors du Séminaire pour connaître d’autres réalités pastorales et d’autres méthodes, expérimenter la vie de l’Eglise sous d’autres latitudes ou dans d’autres cultures, accomplir un service de volontariat en lien avec un organisme catholique de coopération...  

Cette année, nous sommes trois séminaristes à vivre une telle année de césure. Comme la formation dans un Séminaire est très intense et demande beaucoup d’énergie, prendre un an de distance avec le diocèse et le Séminaire nous permet de réordonner notre vie. Car vivre en-dehors du cadre d’obligation communautaire d’un Séminaire demande d’aguerrir sa volonté pour l’organisation de sa vie. Cela nous permet aussi de vérifier notre liberté et notre attachement au diocèse. Pour nous, cette année de retrait est indispensable. Nous ouvrant à d’autres réalités de l’Eglise, notre regard sur le diocèse de Strasbourg s’est comme ajusté à la réalité.

Vers le sacerdoce


Entre la troisième et la quatrième année arrive une étape importante : nous demandons à être admis parmi les candidats au sacerdoce. En nous appelant à cette étape, notre archevêque à la fois reconnaît notre projet de devenir prêtre et à la fois il nous appelle à nous engager de manière encore plus résolue dans le chemin qui nous y conduit.   

La cinquième année au Séminaire s'ouvre sur une nouvelle perspective : la préparation au ministère de diacre. Tout en poursuivant nos études, nous sommes envoyés par l'évêque en stage pastoral dans une communauté de paroisses du diocèse, sous la responsabilité d’un curé qui devient notre maître de stage.

Chacun de nous se voit confier des responsabilités particulières telles que la catéchèse, l’accompagnement des scouts, la participation à la vie d’un mouvement. Nous y assurons aussi nos premières prédications liturgiques. Nous sommes dans le dernière période de nos années de formation qui nous prépare à vivre pleinement la dimension pastorale du ministère ordonné. Nous mettons en pratique ce que nous avons appris. Nous accueillons et essayons de comprendre des questions nouvelles. Nous nous confrontons à des situations humaines réelles. C'est pour nous l'occasion de nous donner, de nourrir notre vie de prière, de servir l'Eglise, et aussi de vérifier notre appel au ministère ordonné avant l'ordination diaconale en fin de cinquième année qui engagera déjà toute notre vie à la suite du Christ !

L’ensemble des séminaristes du diocèse de Strasbourg