jeudi 21 janvier 2016

La semaine de prière pour l'unité des chrétiens

La prière pour l’unité chrétienne n’est pas une initiative du 20ème siècle : les chrétiens n’ont jamais cessé de prier, de multiples manières, pour leur réconciliation. Et nombreux sont ceux et celles qui ont œuvré pour cette mission mais retenons simplement 3 temps et 3 figures principales : Paul Wattson, l’Abbé Paul Couturier et Tony Palmer. 

Paul Wattson est un prêtre épiscopalien qui a fondé une communauté   religieuse franciscaine au sein de l’Eglise anglicane américaine, c’est lui qui fonda en 1908 la semaine de l’unité des chrétiens. 

L’Abbé Paul Couturier est un prêtre lyonnais qui a développé en 1930 la semaine pour l’unité des chrétiens et lui a donné un nouvel élan. Il fut également à l’initiative, en 1937, d’un groupe de travail sur l’œcuménisme connu sous le nom de « Groupe des Dombes », il fut l’un des premiers à célébrer une messe en faveur de l’unité. 

Tony Palmer est un évêque anglican épiscopalien. Il fut la cheville ouvrière de l’unité chrétienne que nous vivons actuellement. Son désir : faire tomber les barrières entre nos Eglises. Ami de notre actuel Pape, il a su avant sa mort en 2014, mettre en contact les principaux chefs des Eglises qui aujourd’hui tentent de se rapprocher et de nouer de nombreux liens de contact. 

A l’image de ces 3 personnalités, les chrétiens aspirent aujourd’hui, pour le témoignage de l’Evangile dans le monde, à leur unité visible dans une même foi et une même communion eucharistique. Telle est en effet la visée du mouvement œcuménique.

Le règne de Dieu est relation car Dieu est relation, Dieu est communion. A partir de la rencontre fraternelle, de la découverte de l’Esprit Saint dans la vie du prochain on peut parler du témoignage intérieur de l’Esprit. De cette même découverte, nous nous redécouvrons comme frère ; l’amitié s’établit et sur ce terrain on peut construire très solidement. Rencontrer des personnes est un chemin important pour l’unité des chrétiens. C’est le modèle que nous voyons dans les évangiles. Jésus rencontrait les personnes où elles étaient, peu importe leur histoire et ce qu’elles ont fait. C’est ce que fait également le Pape François. Notre Pape parle d’une communication par le cœur. Car cette langue  est plus simple et plus authentique ; elle a deux règles de grammaire très simple. Aime Dieu au-delà de tout et aime l’autre parce qu’elle est ta sœur ou ton frère. Dans le passé nous avions connu la peur de la différence, de la diversité donc nous l’évitions. Aujourd’hui avec l’œcuménisme nous laissons nos peurs pour faire route ensemble. Ensemble, nous devons comprendre à nouveau ce qu’est le Baptême car c’est par là que nous sommes frères et sœurs en Christ.

Prions pour la conversion de nos Eglises et pour notre conversion personnelle pour que nous nous affirmons davantage en devenant plus chrétien et converger ensemble avec nos différences vers le Christ. Plus nous nous approchons du Christ avec ce que nous sommes, plus l’unité se fera. C’est lui qui unifie par l’Esprit.

L’Esprit Saint fait la diversité dans l’Eglise mais ce même Esprit Saint fait également l’unité. L’Eglise est une dans la diversité, une diversité réconciliée par l’Esprit. Notre enjeu est d’essayer, par-delà des expériences singulières et par-delà des vocabulaires, d’arriver à comprendre que c’est l’Esprit, la même personne divine qui est à l’œuvre en chacun d’entre nous et qui a suscité ce mouvement ; qui est aussi celle qui a porté le mouvement œcuménique et qui veut que nous nous entendions pour pouvoir ensemble dire Jésus-Christ. Nous avons besoin de la force de Jésus Ressuscité qui apporte une nouvelle vie, une nouvelle espérance, une nouvelle énergie à la Création. 

Poussé par l’Esprit, l’Abbé Paul Couturier a été un grand promoteur de la prière pour l’unité chrétienne ; cependant sa volonté n’était pas seulement que cela se fasse une fois par an. L’une de ces intuitions spirituelles était de dire que tous ceux qui prient régulièrement pour l’unité forment en réalité un monastère invisible. Une « Communauté » composée de tous ceux qui partagent une même vocation ; celle d’agir pour l’unité car ouvert à l’Esprit Saint ils ont senti la douleur de la séparation entre les chrétiens. Le nom de Monastère convient à cette réalité puisque la même souffrance, les mêmes désirs, les mêmes préoccupations, la même activité spirituelle, le même but rassemblent dans le cœur du Christ, cette multitude venue « de toutes les nations ». La clôture n’en est autre que l’inhabitation dans le Christ priant pour l’Unité, l’esprit de celui de l’Universelle Prière, l’action celle de l’ « Émulation Spirituelle ». Ensemble, les membres du monastère invisible lancent une immense supplication fondue dans celle du Christ et lancée vers Notre Père qui est aux cieux. Elle monte à partir d’innombrables foyers terrestres pour aller déferler devant le trône de l’Éternel. L’Agneau, « comme immolé », déploie devant son Père Sa propre et infinie supplication où nous sommes entrés et cachés sous la puissante et bienfaisante étreinte de Son Esprit, l’Esprit d’Amour


La prière pour l’unité nous jette dans le cœur du Christ où nous trouvons sa prière : « Père, qu’ils soient un pour que le monde croie » (Jean 17, 21). La prière nous ouvre au souffle de l’Esprit Saint et nous ajuste au dessein divin de salut. Nous prions pour l’unité « telle que le Christ la veut, par les moyens qu’il voudra ».

Cette année, pour la semaine de l’unité des chrétiens, il nous est proposé par des Lettons marqués par leur histoire douloureuse de leur pays mais également par une vie œcuménique féconde, de revisiter notre mission commune de baptisés. Au carrefour des traditions catholique, luthérienne et orthodoxe, ils nous proposent pour cette semaine de prière un court extrait de la première lettre de Pierre (1 Pierre 2, 9-10) nous exhortant à proclamer les hauts faits de Dieu. Le passage choisi rappelle aux chrétiens qu’ils sont une « race élue, la communauté sacerdotale du roi, la nation sainte … » et qu’ils ont été appelés à passer des ténèbres à la lumière. Dieu s’est donné un peuple et celui-ci est missionnaire par nature, il a été choisi pour proclamer que le salut est offert à tous et pour faire briller la miséricorde de Dieu dans le monde. La mission chrétienne se déploie dans toutes ses dimensions, prophétique, sacerdotale et royale, elle se vit par l’annonce explicite de l’évangile, la prière et le service du monde. C’est notre vocation baptismale de témoigner des hauts faits de Dieu dans toute notre vie, en guérissant les blessures, en recherchant sans cesse la vérité et l’unité et en s’engageant résolument en faveur de la dignité humaine.

N’hésitons plus à prier pour cette unité pour que chaque jour se réalise un nouveau pas en faveur de ce Miracle tenu par le Seigneur à la force de l’Esprit. Mais demandons aussi, par cette prière, que le Père nous éclaire sur notre unité personnelle, qu’il nous indique les pas de conversions que nous devons mener pour que cette unité Chrétienne se réalise. C’est par notre unité personnelle et avec le Christ que son œuvre se réalisera et nous osons le demander car « on n’a jamais vu le Seigneur commencer un miracle qu’il n’a pas bien achevé » comme le disait si bien l’écrivain italien Alessandro Manzoni.  Pour  nous aider, nous pouvons faire nôtre cette prière composée par des membres de la Communauté du Chemin Neuf à partir de la prière de l’Abbé Paul Couturier :

Seigneur Jésus,
Toi qui as prié pour que tous soient un, 
Nous Te prions pour l’unité des chrétiens,
Telle que Tu la veux,
Par les moyens que Tu veux.

Que Ton esprit nous donne
D’éprouver la souffrance de la séparation, 
De voir notre péché
Et d’espérer au-delà de toute espérance.

Amen


Les séminaristes de Strasbourg